Bonjour à tous!!!
Je vous invite, aujourd'hui à m'accompagner dans une ballade réflexive et digressive qui devrait nous conduire à explorer l'alpha et l’oméga de notre
Univers. Accrochez vos ceintures et en route!
Dans son interview du Nouvel Obs, le physicien et philosophe
E.Klein présentait son livre: Discours sur l'origine de l'univers. Je le recommande chaudement, à tous les passionnés d'astrophysique et de philosophie. E.K réussit à
nous restituer simplement et sans équations les tous derniers concepts de la physique fondamentale, ce qui constitue déjà une prouesse. Il nous stimule aussi dans un cheminement philosophique
subtil, le tout, et j'allais dire, le comble, avec beaucoup d'humour: découvrir ses anagrammes époustouflants (par ex « Albert Einstein » transmuté en : « rien n’est
établi »), ses clins d'oeil aux lecteurs ou ses titres truculents.
j'ai tellement apprécié le résumé du livre sur le blog maisquiestarbon ,que je l'ai repris intégralement :
"Etienne nous invite à une petite excursion du côté du big bang, et même -tant qu'on y est- au-delà. D'après ce que j'ai compris, il faut commencer par se
munir d'un couteau sans manche et sans lame, le plonger dans l'assiette de soupe primordiale que l'univers nous propose à ses confins, puis escalader le mur de Planck à l'aide de supercordes ou
de tout autre modèle de treuil ontologique, patauger quelque temps dans la matière noire, poursuivre encore un peu la route au nord du pôle Nord en faisant attention de ne pas glisser sur une
dimension cachée, admirer au passage un panorama d'univers exotiques qui ne ressemblent pas au nôtre, et aboutir, par une entrée dérobée, dans la caverne de Platon, où Parménide et Héraclite,
les vieux frères ennemis (Etienne ne dit pas que c'est eux, mais comme ils ne sont pas botoxés, impossible de les confondre avec les jumeaux Bogdanov), ayant chacun une main fermement posée sur
une réplique de la cuisse de Jupiter, se disputent une bicyclette bleue repeinte en rouge.
C'est passionnant, et impeccablement clair, comme d'habitude."
Si j'ai bien, moi même, suivi son cheminement philosophique, en posant d'un côté l'immanence de la physique, de l'autre la transcendance des lois physiques, E.K
fait le pari que la science ne peux apporter la preuve de l'existence de Dieu , guère plus que celle de son inexistence.
Comment traiter alors de la question de l'origine de l'Univers? "Force est donc de constater que les sciences ne saisissent jamais que des origines
relatives, ..."... "Du coup, le commencement en question n'est plus un commencement ex nihilo : en tant que conséquence de ce qui l'a précédé, il constitue plutôt un
achèvement."
Tout en lisant E.K, je m'interrogeai à propos de la récente polémique sur les frères Bogdanov (Marianne:Rapport du CNRS, Mediapart, @SI), qui met en cause leur
parcours de scientifiques plutôt que la médiocrité du propos ("avant" le Big Bang, les frangins voient Le visage de
Dieu). Pourtant c'est moins leur parcours aboutissant à un doctorat qui devrait nous questionner que le "produit Bogdanov" et le commerce qui en est fait. Au risque de surprendre, je
trouverais même plutôt louable, voire subversif, leur acharnement à obtenir un diplôme de docteur dans une société qui oriente ses futures élites vers les formations de traders plutôt que vers
la recherche fondamentale. Depuis la disparition du doctorat d'état, beaucoup de travaux sont médiocres et bien peu de doctorants sont promis à un Nobel ou à une médaille Fields. Pour autant,
les doctorants témoignent au moins de leur passion ou de leur endurance en résistant, pour un temps, à cette terrifiante injonction de l'individu consommateur/produit: en effet, l'homme
moderne, avec le marché pour tout horizon de valeur, est désormais circonscrit à sa triste condition de consommateur (de produits, de services, de loisirs, de médecines, de politique,
etc...), bien pire, il est enjoint à se considérer lui même en tant que produit interchangeable, perpétuellement en concurrence avec d'autres hommes ou d'autres produits (à l'école, au
travail, à la retraite, ou dans sa vie privée). Trêves de digression, poursuivons!
Tandis que les Bogdanov voient le visage de Dieu, Stephen Hawking affirme au contraire que l'Univers n'a pas eu besoin
de Dieu pour être créé (Le Grand Dessein). Hawking, cloué dans un fauteuil
par une maladie neurovégétative qui l'empêche de parler et de bouger, est non seulement connu, mais reconnu par ses pairs comme un grand physicien. Pourtant son dernier livre réussit lui
aussi à déclencher une belle polémique. Et ça n'a rien de fortuit nous explique le Blog science 2 sur
Libé , car telle est la recette du Best Seller scientifique:
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Mettre en gros sur la couverture le nom d'un grand savant
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"Vendre l’idée que la physique possède la réponse à vos questions existentielles semble dingue, mais ça marche. ..."
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"S'assurer que les journaux se prêteront à l’opération marketing, car si Dieu fait vendre, une polémique sur Dieu fait vendre plus encore."
Etienne Klein encore, confirme Ici notre soupçon:
" Dans l'état qui est le sien, tous ceux qui le connaissent savent que Stephen Hawking ne peut écrire un livre. Les éditeurs se servent de son nom, parce qu'il fait vendre."
"Les propos attribués à Hawking sont d’une naïveté confondante, le degré zéro de l’épistémologie, bien loin de la subtilité et de l’intelligence dont il a fait preuve en
physique.";
En moins de 6 mois, le Marché de la Science aura fait 2 fois, la promotion d'une métaphysique de pacotille, sans s'encombrer de la moindre parcelle de scrupule,
ni de honte: vous avez aimé la Droite sans complexe, vous adorerez le marché sans complexe!
Comment pourrions nous fustiger les Bogdanov ou pire un Stephen Hawking sans considérer la responsabilité du système qui les utilise? Cette problématique dépasse
de très loin la sphère scientifique et nous assistons ces derniers temps à une véritable explosion des attaques ad hominem (Kerviel, Assange, Allègre) dont Internet est loin d'avoir
l'exclusivité. Ainsi la confusion est à l'honneur, on confond les faits et les causes tandis que le système à l'abri poursuit son macabre développement.
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L'affaire Wikileaks sur l'Irak illustre remarquablement cette tendance comme le souligne l'article L'art de la fuite sur Dedefensa :
"D’un côté, il y a les “fuites”, massives, colossales, qui nous disent tout de l’esprit de l’attaque barbare de l’Irak, du comportement des forces armées
US, du blanc-seing donné au pouvoir irakien subordonné à elles de mener une répression féroce dans la guerre civile qui eut lieu entre 2004 et 2007...."
"De l’autre côté, il y a Julian Assange, l’homme de Wikileaks. Les attaques contre sa personne se multiplient, concernant des aspects divers de sa vie
privée, de son comportement, y compris sexuel, voire de sa santé mentale, qui n’ont bien entendu aucun rapport avec le contenu des fuites qui est évidemment irréfutable."
Bref, même
pas mal! Circulez! Il n'y a rien à voir!
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Dans le même genre, si l'académie des sciences (Le Figaro par ex) confirme bien l'impact
de l'activité humaine sur le climat en reléguant Mr Allègre et ses inepties au placard (bon Ok ça peux faire plaisir) , elle s'arrête en plein milieu du gué.
Là encore Rien, Nada, Niente sur un modèle de développement qui prend sa source dans le choix de la thermodynamique à la fin du 18ème siècle (Selon la thèse de Ph.Grasset dans la grâce de l'histoire ) ni sur un système qui fait de la croissance son fer de lance!
Attaques décentrées ou silence assourdissant face aux responsabilités d'un système cumulant les régressions (démocratie, santé, retraite, etc..), les impuissances
(climatique, écologiques, Pick Oïl), les abus (Financiers, Inégalités) et maintenant les barbaries il n'y aurait donc pas d'alternatives? Allons donc!
Vous y croyez vous? Alors que des dizaines de théories physiques partent à l'assaut du mur de Planck et parviennent à envisager non pas un seul Univers mais
plusieurs, ces Multivers tous plus incroyables les uns que les autres (voir ci-dessus les univers bulles, les univers feuilles ou branes), nous nous serions condamnés à vivre sous le joug d'une
seule et même horripilante doctrine TINA? La théorie finale en quelque sorte. Ca ne tient pas debout!
Nous subissons les effets d'une crise multiple et j'ai comme l'impression que ce système tend à se refermer rapidement sur lui même et sur nous même, en nous
laissant résignés et tétanisés. Appréhender lucidement la situation et sortir de cette emprise, imposerait un effort transcendant, une résistance quasi-métaphysique afin de "rétablir
l’esprit dans sa fonction opérative, hors de la prison où le système de “la matière déchaînée” l’a enfermé" si j'ai bien compris les propos de Ph.Grasset,
dans: la_source_de_tous_les_maux.
Quoiqu'il en soit, on sent bien qu'on est plus près de la fin d'un monde que de son origine.
Pour positiver, je ne résiste pas à l'idée de renverser la formule d'Etienne Klein qui perçoit l'origine (relative) comme un achèvement de l'étape précédente, en
vous proposant d'envisager cette fin (également relative) comme un commencement, une genèse de l'étape suivante.
Comparer l'immensité des questionnements (scientifiques, philosophiques et métaphysiques) posés par notre univers en expansion et l'extrême vacuité de la pensée
unique qui abîme et rétrécit tout ce qu'elle touche: l'humain, le vivant, les énergies fossiles, le climat, la science, la conscience et les grandes idées (la démocratie et
l'Europe)! Quelle étrange idée, me direz-vous!