Appel pour
« sauver l'hôpital public »
jeudi 26 mars 2009 (09h55)
Chers signataires de l'appel pour « sauver l'hôpital public »,
site :
http://www.appel-sauver-hopital.fr
Depuis le lancement de notre appel en juin dernier, nous avons sonné l'alerte, rencontré à plusieurs reprises des représentants du
Ministère, la Ministre elle-même, et les Conseillers de l'Elysée. En vain. La seule chose que nous ayons obtenue, est un décalage accru entre les paroles de la Ministre Madame Roselyne Bachelot
et ses actes.
1°) La Ministre récuse fermement le concept d'hôpital entreprise dont se réclamait le conseiller du président, Monsieur Raphaël
Radane, qui nous avait affirmé « je ne vois pas de différence de gestion entre un hôpital et une entreprise d'aéronautique ». Mais la Ministre met en œuvre la pratique de l'hôpital entreprise
avec un directeur d'hôpital qui pourra venir du privé, recevoir un salaire équivalent au privé. S'il ne réussit pas à assurer le redressement financier de l'hôpital, il pourra être limogé sans
préavis et sans appel par le Directeur Général de l'agence Régionale de Santé, le véritable patron.
La loi prévoit également qu'en cas de « bénéfice d'un pôle », le chef de pôle puisse décider d'un « intéressement financier du
personnel ». Des médecins pourront être payés au « bonus » ou à l'activité, ou mieux aux honoraires comme dans une clinique privée. D'ores et déjà, les hôpitaux cherchent à conquérir des « parts
de marché ». La Ministre est contre le concept d'hôpital entreprise, mais elle le met en pratique.
2°) La Ministre affirme qu'elle ne fermera aucun hôpital, mais elle n'a évidemment jamais dit qu'elle ne fermerait aucune activité.
La question posée est d'ailleurs celle des critères sur lesquels on décide de fermer ou de développer une activité. S'il s'agit de critères dépendant des besoins de la population, des progrès de
la médecine, et de l'organisation des soins, il n'y a évidemment rien à redire. Il en va tout autrement si le critère est la rentabilité financière de l'activité. La fermeture du service de
Maladies Infectieuses de l'Hôpital Saint-Joseph en raison du manque de rentabilité a suscité une légitime inquiétude, alors que les hôpitaux privés participant au service public sont souvent
donnés en modèle
3°) L'ensemble des responsables politiques, du Président de la République au Secrétaire National de l'UMP le Docteur Philippe
JUVIN, en passant par la Ministre, affirme que l'hôpital est sur-doté, consommant 64 % des dépenses de santé. La réalité est qu'il consomme 34 % des dépenses et que l'augmentation de
ces dépenses est moins rapide que celles de la médecine de ville et surtout des médicaments. De même, la Ministre insiste sur le fait que le budget de l'hôpital augmentera de 3 % alors que,
compte tenu de l'inflation et des dépenses engagées par l'Etat lui-même, le maintien strict de l'activité actuelle de l'hôpital nécessiterait une augmentation du budget de 4 % selon la
Fédération Hospitalière de France.
4°) La Ministre répète que non seulement elle ne fermera pas d'hôpitaux, mais aussi qu'elle ne diminuera pas le personnel, alors
même que la diminution de personnel est programmée dans de nombreux hôpitaux : 400 à Nantes, 650 à Nancy, plus de 600 à Paris, plus de 500 au Havre, 190 à Strasbourg, etc. Le total devrait
atteindre, pour permettre « le redressement financier » des hôpitaux, une suppression de 20 000 à 30 000 emplois. Comment prétendre améliorer la qualité des soins avec de telles suppressions, qui
toucheront non seulement le personnel administratif mais les infirmières et les médecins ?
5°) La Ministre prétend que la loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoires » augmente le pouvoir des soignants, notamment le
pouvoir médical. Dans les faits, il s'agit à l'évidence de l'inverse en traduisant dans la loi le mot d'ordre du Président, « un seul patron à l'hôpital » : le corps médical n'a plus aucun
pouvoir décisionnaire, il ne peut plus donner que des avis consultatifs. Le directeur nomme et peut révoquer les membres du directoire et les chefs de pôle. Les services hospitaliers sont
supprimés, remplacés par « d'éventuelles structures internes », laissés à la libre décision des chefs de pôle et du directeur. L'équipe médicale et paramédicale soignante, qui est à la base de
l'hôpital, ne trouve pas la moindre mention dans la loi « Hôpital, Patients, Santé, Territoires ». Cet hôpital, qui ne marchera plus que sur une seule jambe, est un hôpital qui ne marchera
pas.
6°) La Ministre prétend qu'elle n'a pour objectif que l'amélioration de la qualité des soins et que la décision du financement à
100 % par la T2A a été justifiée par cet objectif. Or chacun sait que la T2A est un instrument purement quantitatif, qui ne mesure ni la qualité, ni l'indication des soins.
7°) La Ministre prétend alléger les tâches du service public qui reposent sur les épaules de l'hôpital public, en faisant partager
le poids des contraintes par les cliniques privées à but lucratif. Elle se demande comment les défenseurs de l'hôpital public peuvent lui faire reproche d'une telle sollicitude. A la vérité, on
voit mal comment le privé à but lucratif accepterait des missions non lucratives ou susceptibles de réduire les dividendes versés aux actionnaires. On voit bien par contre comment les cliniques
privées à but lucratif peuvent proposer d'assumer certaines missions choisies relevant jusqu'ici du service public, par exemple d'accueillir les bras ouverts des internes de 4ème ou 5ème année
qui feront défaut à l'hôpital public, mais pourront être ensuite « capturés » par les dites cliniques.
Finalement, la Ministre et le gouvernement parlent peu ou pas de l'objectif réel : la convergence public / privé, qui prend la
forme d'une convergence tarifaire pour 2012. Cette mesure n'aurait de sens que dans une réelle convergence des pratiques et des modes de rémunération des personnels. Elle fait mine d'ignorer que
les services rendus à la population ne sont nullement comparables. Et comme c'est souvent le cas, cette convergence se traduira en réalité par l'affaiblissement du service public et le
développement du privé lucratif, réel objectif dont on se garde bien de faire la publicité.
Face à une telle politique caractérisée par l'écart de plus en plus grand entre les paroles et les actes, il est urgent de
renforcer la mobilisation contre le volet hospitalier de la loi HPST (cf la lettre signée par 960 professionnels hospitaliers, médecins et paramédicaux)
Nous appelons les signataires de l'appel « sauver l'hôpital public » à :
Diffuser cette lettre et
l'adresse du site auprès de leurs proches ( http://www.appel-sauver-hopital.fr ), et relancer le recueil des signatures
Alerter tous les
élus,
Participer aux actions
unitaires pour la défense du service public hospitalier.
Demander, avec nous, un
véritable débat démocratique sur l'organisation de notre système de santé et son financement dans notre Pays. Les Américains veulent aujourd'hui le faire. Pourquoi les Français ne le
pourraient-ils pas ?
Bien cordialement,
Alain Gaudric , Gisèle Hoarau, Dominique Vincenzi, Alain Sobel, Agnès Heurtier, Bruno Devergie, Jean Claude
Pénochet,
André Grimaldi
De : marie75
jeudi 26 mars 2009
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article83035
http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article83108
Hostos : nous sommes à
l'époque de la confrontation !
vendredi 27 mars 2009 (10h33)
Réforme de l'hôpital : les médecins font bloc Santé . A Paris, les professeurs s'unissent contre la loi qui les écarte de la gouvernance des établissements.
Ce fut un moment peu banal. Mercredi soir, dans un amphi de la fac de médecine à Paris, une bonne partie des grands noms de la médecine hospitalière parisienne se sont retrouvés pour dénoncer la
nouvelle loi sur l'hôpital, en particulier le volet sur la gouvernance. Il y avait là l'élégant professeur Olivier Lyon-Caen, neurologue à la Pitié, Loïc Capron ou André Grimaldi, le très habile
Pierre Coriat, voire le militant Jean-Claude Rougeon, bien d'autres encore. Plus de 200 médecins au total.
Leur malaise est, en tout cas, inédit. Et massif devant cette réforme qui donne «tout pouvoir au directeur». Tous se retrouvent pour défendre le maintien du service «comme lieu central de
l'hôpital». Mais pour le reste ? L'organisateur en chef, Bernard Granger, psychiatre à Cochin, tient des propos brutaux : «Nous ne sommes plus à l'époque de la négociation, mais de la
confrontation. C'est un système dictatorial.» Le professeur Lyon-Caen tente de prendre de la hauteur : «Ce mouvement de contestation ne peut que se concevoir s'il reste centré sur l'hôpital.
Il faut que tout le personnel de l'hôpital s'y retrouve, et il faut éviter de mettre en scène notre propre corporatisme.» Juste avant, un représentant du syndicat des chefs de clinique avait
montré l'hétérogénéité du mouvement, en insistant sur l'importance du secteur 2 (1) pour les futurs spécialistes. Le professeur André Grimaldi, qui fut à l'origine de nombreuses pétitions,
recentre alors l'AG. «Il faut se préparer à un rapport de forces difficile.» Puis : «Nous devons choisir nos mots... Le pouvoir du directeur est légitime, le nôtre aussi. On ne va pas passer
de l'époque du mandarin à celui du PDG, voilà ce qu'il nous faut combattre. Pour cela, il faut que l'on soit capable de manifester, médecins et non-médecins.»
Le professeur Pierre Coriat - personnage clé, car il préside la Commission médicale de toute l'Assistance publique de Paris - hésite.
Au début, il avait soutenu la loi, mais il a eu le sentiment de s'être fait gruger. Là, il se montre virulent : «Nous sommes opposés à la nouvelle gouvernance.» D'autres veulent aller plus
loin. Evoquent une démission tous les «chefs de pôle». Une manifestation ? «Attention à ne pas se retrouver à quelques centaines...» Un autre, encore : «La seule chose qu'il faut faire,
c'est une journée de grève totale. Le reste est incompréhensible.» S'en suit une longue discussion sur les actions à venir.
(1) Le secteur conventionné à honoraires libres. >
De : marie75
vendredi 27 mars 2009
http://www.bellaciao.org/fr/spip.php?article83108
Voir aussi les commentaires : entre autres ( de Jivé 13 ):
LA REFORME LIBERALE DE L'HOPITAL
Les objectifs de la réforme Bachelot : Conformément à la volonté sarkozienne de rupture libérale, les objectifs à atteindre sont :
Réduire le nombre de fonctionnaires hospitaliers.
Transférer les activités les plus profitables vers le secteur privé par simple mise en concurrence.
Entamer le processus de privatisation de l'hôpital.
A terme, mettre en concurrence l'assurance maladie avec les assurances privées. La stratégie mise en œuvre : Comme l'a dit lui même le
Président à Neufchâteau le 17 avril 2008 : « la gouvernance de l'hôpital public doit être réformée. Alors là, on arrive dans le dur... » Effectivement, il veut toucher à du dur. Tous les
sondages d'opinion disent que les français sont attachés à leur hôpital et à 71% qu'il faut augmenter ses moyens (sondage BVA du 17/01/09). Et tous les personnels de la fonction publique
hospitalière sont attachés à leur statut. L'attaque va se développer selon trois axes :
1) Affaiblir le service public. Cet objectif intermédiaire est pratiquement atteint.
Par la mise en déficit des budgets hospitaliers (voir plus haut).
Par le maintien d'une pénurie en personnels médicaux et paramédicaux : numerus clausus pour les études médicales, fuites vers le secteur
libéral non compensées par les recrutements.
Par la suppression programmée de 20000 postes.
Par les campagnes médiatiques insidieuses ou violentes contre les urgences, la sécurité, les maladies nosocomiales, les erreurs médicales etc...
2) Corrompre le haut encadrement. Le capitalisme financier a pris le pouvoir dans les grandes entreprises, en donnant aux managers l'accès au capital actionnarial (par le biais des stocks
options). De même, la loi Bachelot :
ouvre la fonction de Directeur d'hôpital aux managers du privé, avec une perspective d'intéressement financier au résultat.
Crée pour les médecins des hôpitaux un cadre contractuel de droit privé avec là encore une part du salaire variable en fonction des résultats
d'activité.
A l'occasion des suppressions de poste, cette possibilité pourrait également être proposée à d'autres catégories d'agents. C'est la nouvelle
logique de l'hôpital-entreprise.
3) Fusionner le public et le privé. Le secteur privé à but lucratif partagera avec le public des missions de service public, de formation des étudiants etc... En dehors des grandes villes, des
établissements privés pourront être les seuls à obtenir de l'agence régionale certains équipements. Les maisons pluridisciplinaires de santé, destinées à recevoir les urgences, seraient gérées
par le service public mais emploieraient des médecins libéraux. A moyen terme, comme le propose l'Institut de Mr Bébéar, les hôpitaux publics qui subsisteraient dans les territoires,
prendraient le statut d'établissement privé à but non lucratif.
AU TOTAL
« L'égal accès aux soins de qualité », proclamé par Nicolas Sarkozy, est loin d'être garanti. Quand on sait que les dépassements d'honoraires des chirurgiens libéraux ne sont pas du tout remis en
cause, et que, dans certaines villes, 90% des chirurgiens sont en secteur 2, on imagine facilement les assureurs comme AXA proposer la prise en charge de ces dépassements. Et si les citoyens ne
se rebellent pas, dans un avenir plus proche qu'on ne le croit, l'assurance maladie elle même, actuellement obligatoire et universelle pourrait être mise en concurrence avec les assurances
privées.